Mongolie – Comment votre voyage a amélioré la vie de dizaines de nomades

Par Sabine Grataloup, fondatrice de Randocheval /Absolu Voyages et de notre structure en Mongolie.

Vous le savez, la création de notre structure directement en Mongolie a été la conséquence d’un coup de coeur pour les nomades Mongols, leur mode de vie à la fois millénaire et si fragile, leur générosité… qui marquent durablement tout voyageur.

Il nous était insupportable de voir ces familles, qui nous avaient émerveillés, à la merci d’un dzuud, un hiver plus rigoureux que les autres, qui aurait tué leurs troupeaux et les aurait contraints à planter leur yourte dans la banlieue d’Oulan Bator, sans espoir d’emploi, condamnés à une vie misérable et incertaine.

Un des objectifs était donc d’apporter un complément de revenus à un maximum de familles nomades, en faisant travailler une seule personne par famille, et pas seulement une ou deux familles dont le mode de vie aurait été complètement bouleversé.

Selon les cas, c’est donc le fils aîné qui guide nos randonnées à cheval, dans une autre famille nous louons les yaks de bât utilisés pour la randonnée dans l’Orkhon, une troisième a installé des yourtes d’hôtes pour accueillir les voyageurs lors des nuits chez l’habitant… Ailleurs, c’est le père de famille qui est chauffeur, ou cuisinier…

Ainsi, ces familles peuvent garder leur mode de vie traditionnel, tout en étant à l’abri d’un coup dur grâce à ces revenus complémentaires. Et en l’absence de coup dur, tant mieux, c’est le niveau de vie d’un maximum de personnes qui est amélioré.

Après 6 années, nous avons voulu vous raconter l’histoire de certains d’entre eux, pour que vous découvriez comment VOUS – par le choix de votre voyage – vous avez contribué à changer et sécuriser leurs vies.

 

Tsende dans la vallée de l’Orkhon

Tsende – Voyage en Mongolie

L’histoire de Tsende, qui vit avec sa famille dans la Vallée de l’Orkhon, est particulièrement emblématique : Tsende est le fils aîné d’une famille de 3 enfants, qui élève des chevaux, des yaks, des moutons et des chèvres selon la tradition nomade mongole dans la vallée de l’Orkhon, pas très loin des célèbres chutes.

Il s’occupe des chevaux et guide nos randonnées équestres depuis 6 ans maintenant. Pendant les 4 premières années, il a utilisé son salaire pour payer les études de son petit frère et de sa petite soeur.

Pour la cinquième année, il a dit à ses parents que – les études de son frère et de sa soeur étant terminées – il souhaitait réaliser son rêve, et avoir un entraîneur professionnel de lutte mongole, un sport pour lequel il est très doué et qui est le sport national en Mongolie.

Il a donc passé l’hiver dernier – quand il y a moins de soins à apporter aux troupeaux – à s’entraîner et nous lui souhaitons la plus grande réussite dans la poursuite de son rêve !

Cet été, il a bien sûr continué à guider de nombreuses randonnées et vous êtes nombreux à chevauché avec lui en Mongolie.

J’ai eu l’occasion d’une conversation très touchante avec sa mère, qui était inquiète pour l’avenir de son fils il y a quelques années, face à l’appauvrissement des steppes qui subviennent de moins en moins aux besoins des troupeaux.

Lors d’une nouvelle rencontre il y a quelques mois, elle m’a accueillie à bras ouverts, en me disant avec toute la fierté d’une mère que Tsende avait pu ouvrir un compte en banque, qu’il avait donc pu mettre un peu d’argent de côté, et que cela allait certainement lui permettre de fonder une famille.

 

Batdorj dans le désert de Bayan Gobi

Rando Cheval Mongolie – Batdorj

Batdorj guide nos randonnées à cheval dans le désert de Bayan Gobi. Nous nous sommes rencontrés il y a 3 ans quand nous avons voulu créer la randonnée Gobi et Steppes (le récit de cette création est ici).

Il venait alors d’avoir son premier enfant, un petit garçon d’à peine une semaine lorsque nous sommes allés lui demander de nous guider pour établir un itinéraire équestre.

Il nous a un peu pris pour des fous, personne n’avait jamais fait de randonnées à cheval de plusieurs jours dans « son » désert. Mais il a vite changé d’avis devant le succès de cette randonnée.

Il a rapidement pris en charge à la fois la randonnée Gobi et Steppes, et la partie de la randonnée Confort qui se déroule également dans cette région.

Lors de notre dernière rencontre, il venait d’avoir son second bébé, une petite fille qui avait également moins d’une semaine !

Très ému, Batdorj nous a remerciés de lui avoir confié ces randonnées, car son travail depuis 3 ans lui a permis d’acheter un petit véhicule avec lequel il a pu amener sa femme à l’hôpital le plus proche pour accoucher ! De la même façon, il a pu emmener son père passer une radio suite à un coup de pied de vache dans l’abdomen, alors qu’auparavant, il aurait pris son mal en patience, avec les risques que cela comporte.

 

Chansan dans le Parc de Naiman Nuur

Comme Tsende et Batdorj, Chansan est un de nos guides équestres dans la vallée de l’Orkhon. Il vit avec ses parents et ses nombreux frères et soeurs dans le Parc de Naiman Nuur – le Parc des Huit Lacs.

Cette région est très isolée, quasiment inaccessible aux véhicules, et les conditions de vie y sont extrêmement rudes en raison de l’altitude : les lacs restent gelés quasiment 9 mois sur 12 ! La mère de Chansan a accouché de ses 11 enfants sous la yourte, seule avec l’aide de son mari…

La famille de Chansan élève essentiellement des yaks, qui apprécient ce climat, et des chevaux.

Pour cette famille très nombreuse, et dont les conditions de vie sont si rudes, nous avons fait une exception à la règle qui veut que nous ne fassions travailler qu’une personne par famille : Chansan guide nos randonnées équestres, un de ses frères conduit les yaks de bât, et vous logerez dans leur famille lors des deux nuits passées dans le Parc de Naiman Nuur pendant la randonnée dans la vallée de l’Orkhon.

C’est ainsi la vie de plus de 30 personnes qui s’est améliorée grâce à vous.

 

Tuvana dans la Vallée de l’Orkhon

Tuvana est un père de famille qui coordonne l’ensemble de nos éleveurs dans la vallée de l’Orkhon.

Il guide nos randonnées équestres, et vous accueille également parfois chez lui dans ses yourtes.

Ce fidèle parmi les fidèles s’est dévoué pour créer nos randonnées sur place, il veille à votre sécurité et à ce que tout se passe toujours pour le mieux.

Bien sûr, il a récolté les fruits de ses efforts, ce qui lui a permis de construire une petite maison dans le village le plus proche. Ainsi, son épouse peut passer l’hiver au village, et rester auprès des enfants qui ne sont plus obligés d’aller en pension et être séparés de leur famille dès l’âge de 6 ans.

 

Dermee dans la Vallée de l’Orkhon

Dermee a 20 ans et il travaille pour nous en tant que guide équestre depuis 2 ans. L’histoire de Dermee est particulière car il est allé étudié et vivre dans la capitale de province, et a choisi de revenir vivre dans la steppe et aider ses parents avec les troupeaux, un choix rare.

Il a confié à Byamba, une de nos interprètes, qu’il est très fier d’avoir eu la possibilité de redevenir nomade, après avoir expérimenté la vie en ville, en partie grâce à son travail de guide équestre. Il apprécie aussi de pouvoir rencontrer des voyageurs étranger, et les autres membres de notre équipe Mongole.

 

Bambaa dans la Vallée de l’Orkhon

L’impact est quelquefois moins spectaculaire, mais tout aussi important, car il marque un retour à l’équilibre. Par exemple pour Bambaa, qui a 25 ans et guide nos randonnées équestres depuis 5 ans.

Avant de travailler pour nous, Bambaa devait vendre une dizaine de moutons chaque été, et 3 ou 4 chevaux en hiver pour pouvoir acheter des biens de première nécessité.

Ces dernières années, au lieu de devoir vendre des bêtes, Bambaa a au contraire pu en acheter d’autres et agrandir son troupeau, la situation s’est complètement inversée, lui permettant de vivre dignement conformément à ses racines nomades, une grande fierté pour lui.

 

La fierté retrouvée

Vous retrouverez cette fierté chez la plupart des nomades qui vous accompagneront lors de votre voyage, et c’est une conséquence inattendue de notre action ces 6 dernières années.

La pudeur des nomades ne nous avait pas permis de percevoir une forme de souffrance face à tous les messages véhiculés sur Internet via leur téléphone mobile ou via la télé qui trône dans chaque yourte. En effet, c’est une société urbaine qui est valorisée  sur ces médias, et par contraste, les nomades pouvaient se sentir rabaissés, déconnectés de ce monde.

Accueillir des voyageurs qui ont traversé la planète pour venir découvrir leur mode de vie, et qui sont souvent très fortement touchés par cette rencontre, leur redonne la fierté de perpétuer des traditions millénaires.

 

Nous pourrions multiplier les exemples, puisque ce sont maintenant près de 80 familles nomades qui travaillent à l’organisation de nos voyages, treks et randonnées à cheval dans toute la Mongolie.

A vous de découvrir leurs histoires personnelles, lors de soirées au coin du feu, si vous savez apprivoiser la pudeur de ces hommes et de ces femmes remarquables.

Je me fais leur porte-parole à tous pour VOUS remercier, car c’est vous, grâce à vos voyages, qui avez été à l’origine de toutes ces histoires.

A très bientôt pour écrire de nouvelles histoires en Mongolie

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Nos randonnées à cheval en Mongolie

Nos voyages et treks en Mongolie

3 comments to “Mongolie – Comment votre voyage a amélioré la vie de dizaines de nomades”

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  1. Bonjour,
    J’ai eu l’immense plaisir de faire la randonnée dans la vallée de l’Orkhon avec Tsembé, Tuvana et Chansan il y a trois ans,formidable rencontre, ils sont fantastiques. Le souvenir de cette randonnée est encore très présent et même si j’ai apprécié d’ autres randonnées, cette randonnée avec eux restera la plus belle expérience. Très heureuse de ce que les randonnées apportent à chacun d’entre eux.
    J’ai été très touchée d’avoir de leur nouvelles
    Merci à tous
    Martine

  2. Merci pour cet article .
    Cela reflète totalement le vécu que j’ai eu là bas et je souhaiterai vraiment retrouver Dembé j’ai été marqué par ce séjour.
    Merci à tous