Portugal : la Translusitania, expédition au royaume du pur-sang lusitanien…

Carnet de voyage de Sophie, au retour de sa randonnée Translusitania en sept. 2009.

Rando Cheval au Portugal

La Translusitania – la bien nommée !

Imaginez-vous partant de la frontière espagnole, tout à l’Est du Portugal, avec pour seul but de suivre le soleil couchant, tout droit, plein Ouest, à travers le berceau du Pur-Sang Lusitanien, jusqu’à rejoindre les vagues de l’Océan Atlantique…

 

En tant qu’amoureuse des chevaux ibériques (j’ai un cheval Espagnol et mon premier cheval a été un Lusitanien…), je ne pouvais pas rater cette occasion !

Cette nouvelle randonnée est en effet une véritable expédition qui traverse tout le Portugal d’Est en Ouest, suivant les rives du Tage, dans des régions particulièrement isolées du Haut-Alentejo et du Ribatejo, autant d’occasions d’apprécier la vie rurale portugaise.

 

Premier contact avec le monde du cheval Lusitanien

Nous atterrissons à Lisbonne, capitale du Portugal qui sera aussi le but ultime de notre expédition. Mais pas le temps de nous attarder aujourd’hui, car nous devons rejoindre le point de départ de la Translusitania, à la frontière hispano/portugaise. Nous prenons place à bord d’un minibus qui nous emmène jusqu’au centre équestre, en 3 heures de route environ.

Ce temps de trajet est l’occasion de faire connaissance avec les autres cavaliers et nous jetons tous des regards curieux sur les paysages qui défilent et qui sont un avant-goût de ce qui nous attend lors de cette randonnée.

Après un premier dîner typiquement portugais au cours duquel toute l’équipe se présente, nous nous installons confortablement dans nos chambres d’hôtes, la tête pleine de rêves…

Car le lendemain, dimanche, c’est le grand jour ! Un rapide transfert à la Finca et nous faisons connaissance avec nos montures, et leur harnachement si particulier qui fait lui aussi un peu partie du voyage… Nous montons en effet des « Cruzados », des chevaux lusitaniens et espagnols croisés avec des pur-sang Arabes et Anglais pour leur donner plus d’endurance. Ce sont des chevaux robustes, vifs et rapides, appréciés de tous temps pour le travail du bétail dans les grands élevages de l’Alentejo et bien adaptés à la randonnée, même dans des terrains difficiles.

La véritable surprise vient de la sellerie, puisque nous utilisons des selles de travail ibériques avec des hackamores. Si le hackamore est connu de la plupart des randonneurs que nous sommes, et apprécié pour la liberté qu’il laisse au cheval dans sa bouche lors des longues heures de randonnée, les selles de travail ibériques sont une vraie découverte pour la plupart d’entre nous !

Très emboitantes, elles ne reculent cependant pas l’assiette autant que certaines autres selles de travail car leur assise est plus courte. Chaque cavalier trouve rapidement son équilibre au cours de cette première journée en selle, et nous apprécions tous le confort de ce harnachement qui permet une équitation décontractée pour le cheval comme pour le cavalier, avec une sécurité maximale.

 

Traversée de frontière à cheval !

Nous atteignons rapidement la frontière hispano-portugaise. Passer une frontière à cheval est toujours une expérience amusante, surtout quand les formalités sont très légères comme ici !

Nous chevauchons ensuite plein ouest à travers des paysages typiques de prairies ombragées de chênes et parcourues de nombreux troupeaux de bétail. Après la pause pique-nique, nous approchons de Portalegre où nous laissons les chevaux pour la nuit au corral avant de regagner en véhicule la maison d’hôtes où nous avions déjà dormi hier soir.

Le lendemain, nous continuons notre chevauchée à travers d’immenses champs, des prés à taureaux (à bonne distance des « Toros Bravos », élevés spécialement pour la corrida) et des forêts à chênes-lièges. Les chemins larges et plats permettent de bons galops.

Nous nous installons pour les deux prochaines nuits dans une grande propriété agricole, non loin du village romantique de Cunheira.

Nous apprécions cette formule d’hébergements où nous passons deux nuits au même endroit alors que les chevaux restent à l’étape, ce qui nous évite d’avoir à refaire notre sac chaque matin tout en profitant d’une véritable randonnée itinérante. C’est aussi l’occasion de faire plus ample connaissance avec nos hôtes et d’expérimenter l’art de vivre typique et traditionnel de cette population rurale et accueillante.

 

Forêts d’eucalyptus, arrière-pays sauvage et découverte de Golega

Les deux jours suivants sont consacrés à l’arrière-pays de Golega, riche en forêts d’eucalyptus et de chênes, et en plantations de tabac.

Nous profitons de notre transfert vers notre hébergement de Torres Novas pour visiter Golega, la capitale portugaise du cheval, où se déroule chaque année en novembre la Foire Nationale du Cheval Lusitanien. Un départ spécial est d’ailleurs prévu en novembre, lors de la foire, le dernier jour étant modifié pour défiler à cheval dans les rues de Golega.

En dehors de cette Foire, la ville est plutôt tranquille, mais des artisans spécialisés sont installés dans la région, et nos guides savent où les trouver. Nous rendons ainsi visite à un sellier, et certains d’entre nous craquent pour quelques belles pièces de harnachement à rapporter à la maison !

Après la visite de Golega, la traversée des paysages romantiques et montagneux du parc naturel « Serra de Aire e Candeeiros » est une belle démonstration de la sûreté des pieds de nos chevaux. Une descente raide des hauteurs du parc naturel vers les plaines côtières nous attend et le vent nous apporte déjà l’odeur et le goût salé de l’océan atlantique. A la fin de cette journée pleine d’évènements nous arrivons à Juncal, où nous laissons les chevaux pour la nuit. Une voiture nous emmène à notre hôtel de Nazaré, situé sur la côte atlantique avec vue sur la mer.

 

Les vagues de l’Atlantique…

Après avoir rejoint nos chevaux à Juncal, nous chevauchons à travers des forêts de pins pour arriver à la plage de « Praia do Norte » avec ses kilomètres de sable fin.

Après le pique-nique, nous passons nos dernières heures en selle pour rejoindre l’ancien village de pêcheurs de Nazaré où nous disons adieu à nos montures. Il reste juste un peu de temps pour une baignade avant de se retrouver autour d’un dernier dîner.

Cette dernière chevauchée au bord de l’Océan clôture en beauté et de manière très symbolique notre équipée à travers le Portugal. Obligés d’arrêter notre progression vers l’Ouest par la barrière infranchissable de l’Océan, nous nous sentons des vocations de conquistadores d’autrefois : de l’autre côté, c’est l’Amérique ! Mais c’est un autre voyage…