Chine / Tibet – Carnet de repérage
Par Sabine Grataloup – cofondatrice de Randocheval

Du 1 au 15 juin 2025, un groupe de 10 cavaliers s’est lancé à la découverte de notre nouvelle randonnée à cheval dans l’Est du Tibet. Cette randonnée est une grande première puisque cet itinéraire n’avait jamais été réalisé dans sa totalité. Il fallait donc des cavaliers aguerris et prêts à toute éventualité, ce qui a été le cas, bravo à tous !
Sur le plan administratif, cette randonnée se déroule sur le territoire du Sichuan, ce qui ne nécessite pas d’autorisation spéciale comme pour la région de Lhassa.
CHENGDU ET SES PANDAS
Nous arrivons à Chengdu, immense ville de 21 millions d’habitants. Le premier contact avec la culture locale se fait lors du premier dîner, qui va lancer le mot d’ordre de tout le voyage : « ça pique un peu »… Il faut savoir que la cuisine du Sichuan est l’une des plus pimentées au monde, et nous le découvrons très vite !

Après une bonne nuit de sommeil dans un hôtel confortable de la périphérie de Chengdu, notre première journée sur place est consacrée aux pandas qui font la célébrité de la ville. Nous nous rendons dans un parc de préservation non loin de la ville. Le parc en lui-même est très agréable, la végétation, quasi tropicale, apporte une ombre bienvenue alors que les températures sont proches de 30°. Nous craquons tous pour ces adorables nounours si attachants.
Dans l’après-midi, nous visitons Dujiangyan, classé au Patrimoine Mondial pour son système d’irrigation, dont nous apprécions aussi les superbes temples taoïstes à flanc de montagne.

PREMIERE EXPERIENCE DE L’ALTITUDE
Le lendemain, nous remontons en voiture dans le labyrinthe de vallées encaissées qui lacère les contreforts du plateau tibétain. Nous visitons au passage un village Qiang, une autre ethnie présente dans la région. L’objectif est de rejoindre le village qui sert de base à la première partie de cette randonnée équestre au Tibet.
Nous passons de 500 mètres à plus de 3000 mètres d’altitude et nous comprenons vite les mises en garde de notre guide : ne pas faire de gestes brusques, pas d’effort inutile, pas de douche (qui fatigue l’organisme par ces températures fraîches) ! Monter un escalier ou porter son bagage sur 50 mètres devient une épreuve physique dont nous peinons tous à nous remettre. Et pourtant nous avons eu deux jours de visites pour nous remettre de la fatigue du voyage et nous habituer progressivement à l’altitude.

Ce soir commence un étrange rituel qui nous accompagnera matin et soir : la mesure de la saturation en oxygène de chaque cavalier. Elle doit être idéalement supérieure à 90% mais nous descendons presque tous autour de 80%. Si un participant est testé deux fois de suite à 75% ou moins, il sera immédiatement descendu à des altitudes plus basses et devra quitter la rando. Nous comprenons maintenant tout l’aspect physique de ce voyage.
A CHEVAL DANS LES MONTAGNES DE HEISHUI
Après une nuit en maison d’hôtes dans les familles tibétaines de ce village perché, nous faisons connaissance avec nos guides et nos chevaux. Nous avons préparé la veille un petit sac de bivouac avec le strict nécessaire pour trois jours en autonomie. Chaque cavalier dispose également de petites sacoches pour porter ses affaires de pluie et sa gourde.
Nous commençons à grimper sur les sentiers très raides de la forêt qui couvre les pentes des vallées vertigineuses. L’environnement est très impressionnant, les puissantes rivières issues de la fonte des glaciers de l’Himalaya creusent le plateau tibétain de véritables canyons de plusieurs milliers de mètres. Malgré cette verticalité, une végétation dense couvre les pentes, formant une forêt que parfois couverte de lichens qui lui donnent une allure fantomatique.

Nous finissons par sortir de la forêt pour atteindre des alpages d’altitude où s’éparpillent les yacks ! A cette saison, les naissances sont nombreuses et nous nous amusons des facéties de ces bébés qui ne maîtrisent pas toujours complètement le fonctionnement de leurs jambes toutes neuves…
La vue se dégage sur des perspectives à couper le souffle lors de passages de cols à plus de 4000 mètres d’altitude. L’endurance et l’agilité de nos chevaux sont exceptionnelles.

Nous chevauchons pendant deux jours dans des alpages couverts de fleurs, au milieu des yacks, avec des vues incroyables sur les pics enneigés de plus de 6000 mètres qui nous entourent.
Après ces deux belles premières journées, la météo se gâte et la grêle tombe même sur notre second bivouac, à 4150 m ! Le soir, les températures descendent en dessous de 0°C. La solidarité du groupe s’organise pour soutenir les personnes qui souffrent du mal des montagnes.
COWBOYS TIBETAINS : INITIATION AU TRI DES YACKS

Le troisième jour à cheval nous réserve une belle surprise : nos guides tibétains ont rassemblé deux troupeaux de yacks appartenant à deux propriétaires différents, et nous devons les trier ! Il y a plus de cent yacks au total, que nous distinguons grâce à leurs marques à l’oreille.
Notre arrivée sur le lieu de rassemblement, à presque 4500 mètres, est mémorable : nos guides crient et les yacks se rassemblent immédiatement derrière nous, attirés par la perspective de recevoir une distribution de sel dont ils sont très friands…
Nous nous prenons pour des cowboys de l’Himalaya, le temps de séparer les deux troupeaux. Une expérience au plus près de ces animaux étonnants, symboles du Tibet !

La météo reste assez changeante, mais les nuages qui s’accrochent aux parois des montagnes, ou qui flottent au milieu des vallées, donnent au paysage une allure féérique, renforçant les perspectives spectaculaires. Des yacks, des pics acérés surgissent de la brume comme dans un show en plusieurs actes…
Le dernier soir de cette première partie de notre rando, nos hôtes organisent une fête en notre honneur au village tibétain : une jarre d’alcool de grain – qui n’est ouverte que pour les grandes occasions comme un mariage – est partagée entre les habitants et notre groupe. La soirée se prolonge par des danses tibétaines et occidentales, un bon moment de fou rire pour tous !

IMMERSION DANS LE BOUDDHISME TIBETAIN
Après quatre jours à cheval dans les montagnes de Heishui, nous reprenons la route pour rejoindre le plateau tibétain. En route, nous visitons un immense monastère bouddhiste où se rassemble de nombreux moines et pèlerins. Tous nous regardent avec stupéfaction, il est évident que très peu de voyageurs occidentaux passent par ici.
Un moine propose de nous servir de guide et nous ouvre toutes les portes, même celles de la grande salle d’enseignement ou plusieurs centaines de moines sont rassemblés.

LES STEPPES DE HONGYUAN
Nous poursuivons notre route dans un paysage radicalement différent : les montagnes vertigineuses laissent la place à de vastes steppes qui rappellent la Mongolie. Nous sommes à plus de 3500 mètres d’altitude, sur l’Est du plateau tibétain. Il est incroyable de voir des paysages si différents lors d’une même randonnée.

L’environnement de cette seconde partie de rando est plus favorable aux galops, même si le terrain en fond de vallées est souvent humide. Les sites de bivouac sont magnifiques, au bord de rivières qui serpentent dans des vallées désertes. Les trois journées à cheval se déroulent sous une météo bien plus clémente, avec de belles journées ensoleillées.
Un malentendu entre les guides réduira la première journée à cheval, ce qui rendra par conséquent les deux suivantes plus longues, avec un crescendo le dernier soir où nous avons dû forcer nettement l’allure pour arriver avant la nuit, à 21h. Les aléas inhérents à tout repérage… mais qui font souvent les meilleurs souvenirs !
Avec cette équipe, chaque cavalier n’a pas forcément de sacoches, les gourdes et vêtements de pluie sont transportés par les guides.

Le retour vers Chengdu, le dernier jour, est un peu long, mais c’est le prix à payer pour cette exploration en profondeur de l’Est du Tibet !
A NOTER
Pour profiter pleinement de ce voyage, il est essentiel de bien prendre en compte les aspects suivants :
- La cuisine locale est très épicée, et il n’est souvent pas possible d’adapter les plats aux goûts occidentaux.
- De même, le régime végétarien n’est absolument pas présent sur place. Les plats peuvent être adaptés sans viande, mais avec un choix extrêmement restreint. Les régimes sans gluten ou prenant en compte diverses allergies ne peuvent pas être pris en compte.
- Le fait de randonner en autonomie implique que les déjeuners sont à base de plats cuisinés instantanés type « soupe de nouilles » ou « riz à cuisson rapide », assez répétitifs avec quasiment aucun légume.
- Certains passages sont très raides, particulièrement à Heishui, et pourront poser problème aux personnes sujettes au vertige.
- L’altitude de cette randonnée est comprise entre 3000 et 4500 mètres, avec des bivouacs allant jusqu’à 4150 mètres. La plupart des cavaliers ont expérimenté des symptômes du mal des montagnes à des degrés divers (maux de tête, nausées, fatigue…). Une bonne forme physique vous aidera à mieux supporter les effets de l’altitude.
- La météo est très changeante, il peut faire très froid, particulièrement la nuit en bivouac, et les pluies – voire la grêle et la neige – sont fréquentes. Soyez donc très bien équipés (nous vous fournirons une liste du matériel à emporter).
- Pour être autonome, nous vous conseillons de prendre des fontes (petite sacoches à mettre à l’avant de la selle) : elles vous permettront d’avoir toujours votre gourde, votre crème solaire et autres équipement à portée de main.
PLUS D’INFOS SUR CE VOYAGE
- https://www.randocheval.com/Programmes/ch81_chine_tibet_sichuan.html
- Contactez Randocheval au 04 37 02 2000 ou info@randocheval.com
